Les 7 obstacles à la sexualité masculine

Histoire de dédramatiser nos accrochages conjugaux intimes, mais surtout d’aider nos hommes à mieux s’éclater au lit, prenons connaissance des conseils judicieux d’un sexologue et auteur de renom, M. Yvon Dallaire.

M. Dallaire, qui a plus de 25 ans d’expérience comme psychothérapeute conjugal et sexuel, juge qu’il est important d’investir dans les aspects positifs d’une relation de couple plutôt que de s’acharner à régler les conflits qui, pour la plupart, sont insolubles. Ses principes d’intervention se fondent sur la valorisation des différences. Son premier conseil : « Trouver le chemin vers soi pour trouver le chemin vers l’autre. » Dans ses conférences, il a déjà été question d’enfermement. « Ce que j’appelle les enfermements, ce sont les divers obstacles qui nuisent à l’épanouissement sexuel des hommes. Il s’agit d’éléments qui bloquent et qui paralysent l’homme dans son cheminement sexuel. » Voici donc les sept enfermements qui, selon lui, nuisent à la santé sexuelle de la gent masculine.

L’ignorance

Encore aujourd’hui, plusieurs connaissent mal les différences qui existent entre les hommes et les femmes. On se croit semblables, mais à tort, et c’est ce qui explique les nombreux malentendus entre les partenaires. La femme vit chaque mois une tempête hormonale, alors que l’homme est beaucoup plus stable sur ce plan. Il a lui aussi des cycles hormonaux. Mais, si vous me permettez l’image, lorsqu’une femme vit sa ménopause, elle tombe du haut d’une montagne, alors que l’homme qui traverse l’andropause roule en bas d’une colline. Il faut donc se renseigner sur le sujet autant que possible et être constamment à l’écoute de son partenaire. En guise de solution, je suggère souvent à mes patients qui souhaitent mieux se connaître de se prêter au jeu du maître et de l’esclave, et ce, sans aller au-delà des limites de leur couple. Ainsi, pendant une semaine, c’est madame qui mène au lit, alors que, la semaine suivante, ce sera monsieur. Cet exercice permet d’en apprendre sur son partenaire, mais également de découvrir des choses sur soi-même. Malheureusement, il arrive bien souvent que ceux qui en connaissent peu sur la sexualité en soient gênés et fassent alors semblant de tout savoir. On reconnaît entre autres ces individus par les blagues grivoises qu’ils font à tort et à travers sur le sujet. Ces gens-là auraient plutôt intérêt à lire quelques ouvrages scientifiques afin de s’éduquer, de mieux comprendre leur partenaire et, par le fait même, de mieux vivre leur sexualité.

La culpabilité

Sous l’influence des autres et des valeurs qui sont véhiculées dans la société, l’homme a tendance à se culpabiliser de façon régulière. D’ailleurs, l’être humain est porté à accuser l’autre au moindre échec. Par exemple, on entend souvent dire qu’il n’y a pas de femmes frigides, seulement des hommes maladroits. Pour éviter le piège de la culpabilité, les hommes doivent apprendre à ne pas se laisser influencer et à cesser de se sentir coupables. Pour y parvenir, ils peuvent faire quelques lectures sur le sujet ou encore participer à des ateliers de discussion masculins car, il ne faut pas l’oublier, seuls des semblables peuvent réellement se reconnaître et s’aider.

La performance

La performance est la cause principale de l’impuissance. L’homme, dans plusieurs sphères de sa vie, a souvent peur de ne pas être à la hauteur. Certains individus ont pour devise « Je pense donc je suis ». Or, pour d’autres, c’est plutôt « Je bande donc je suis ». Les hommes s’imposent l’exigence d’être toujours prêts à combler leur partenaire, ce qui les met sous pression. Cette tension ne les aide pas à s’abandonner, puisqu’ils se retrouvent prisonniers du complexe de la performance. Et, on le sait, l’échec entraîne l’échec, puis la peur de l’échec, et ainsi de suite. Somme toute, il est très facile pour l’homme de plonger dans l’enfer du complexe de la performance et de se retrouver dans un cercle vicieux.

La normalité

Tous les hommes, à un moment donné, ont peur de ne pas être normaux. Certains craignent d’avoir un trop petit pénis, alors que d’autres se questionnent sur la fréquence de leurs relations sexuelles ou encore sur le nombre de partenaires qu’ils ont eus dans leur vie... Malheureusement, les gens sont mal informés, entre autres à cause de la pornographie, qui biaise la réalité, ou des médias, qui ont tendance à présenter les pratiques sexuelles marginales, l’échangisme par exemple, comme étant monnaie courante. Pour s’éduquer et surtout pour se rassurer, il est important de bien choisir ses sources. À cet égard, plusieurs livres vulgarisent bien la sexualité et nous permettent de nous libérer des fausses croyances.

La responsabilité

Tout d’abord, sachons que le sentiment de responsabilité est généralement la cause principale de l’éjaculation précoce. Pour mieux jouir au lit, l’homme doit arrêter de se sentir constamment responsable du plaisir de l’autre. Cela dit, dans un couple, chacun doit apprendre à se charger de son propre plaisir. Et, avant toute chose, les deux partenaires doivent être conscients de leurs nombreuses différences. À titre d’exemple, l’homme, de nature, est capable d’être sexuellement excité rapidement.

Dans le règne animal, les mâles atteignent vite l’état d’excitation, alors que les femelles n’ont pas de plaisir durant le coït. On dit même que les chattes qu’on entend miauler toute la nuit ne le font pas par jouissance, mais plutôt par douleur. L’homme est donc le seul à devoir se préoccuper du plaisir de sa partenaire, même s’il se définit bien souvent surtout par sa vitesse. Aux Jeux olympiques, les plus rapides reçoivent des médailles... ce qui est loin d’être le cas sous les couvertures. Pour ironiser, on pourrait renverser la vapeur et prétendre que ce ne sont pas les hommes qui souffrent d’éjaculation précoce,mais plutôt les femmes qui souffrent d’orgasmes retardés.Mais, vous l’aurez deviné, cette affirmation ne ferait pas avancer le débat ; elle ne ferait que déplacer le fardeau de la culpabilité. Les couples doivent donc apprendre à gérer leurs différences et leurs conflits.

Le contrôle

Le contrôle est une source de rigidité et d’autosurveillance. La société dans laquelle nous vivons est hypersexualisée, et on demande aux hommes de faire comme si de rien n’était et de rester neutres par rapport aux stimuli d’ordre sexuel, qui sont partout. Les femmes s’habillent de façon très légère, leur g-string dépasse de leur jeans, la télévision et Internet présentent sans cesse des images érotiques...et ils devraient faire comme s’ils n’en étaient pas conscients ? On demande aux hommes de garder le contrôle, mais ceux-ci, surtout les adolescents qui sont guidés par leur testostérone, doivent savoir qu’il est tout à fait normal d’être excités à la vue d’autant de stimuli en une seule et même journée.

Le silence

Les hommes s’enferment bien souvent dans leur silence, ce qui les isole les uns des autres. Lorsqu’ils parlent de sexualité, c’est généralement pour vanter leurs exploits. En réalité, très peu d’hommes vont s’ouvrir au sujet de leurs échecs sexuels et demander conseil à leurs amis. Pourtant, ils devront apprendre à le faire pour se sentir mieux. À cet effet, mes années d’enseignement auprès des jeunes m’ont prouvé qu’il était nécessaire de les informer davantage sur la beauté et les bienfaits de la sexualité plutôt que sur les aspects négatifs de celle-ci. Pour que leurs fils parviennent à s’ouvrir à leurs semblables, les pères doivent leur apprendre, et ce dès leur tout jeune âge, le rôle que joue leur pénis dans la reproduction de l’espèce et comme outil de plaisir nécessaire à la réussite d’un couple.

Le conseil de Fanny

Enfin, si nos hommes hésitent à parler de leurs tracas d’ordre sexuel, laissons traîner ce numéro du Fa dans la maison et espérons qu’ils sauront y puiser l’information nécessaire à leur épanouissement sexuel !

Par Annie Turcotte pour canoe.com